Certifications : tous nos produits sont Made in France, conformes aux normes internationales et sont certifiés CE/98/79.

Contactez-nous pour obtenir un
DEVIS
04.70.08.08.80

ou utilisez notre
formulaire de contact

Des traces de drogues dans les eaux usées

Un nouvel indicateur de la consommation de stupéfiants en France.

Une équipe du laboratoire de santé publique et environnement (université Paris-Sud, UMR 8079) a ainsi effectué la première étude française sur la présence de drogues dans les eaux usées en analysant des échantillons collectées dans six stations d'épuration.

Ces scientifiques ont recherché dans ces eaux la présence de quatre substances : la cocaïne, l'ecstasy, l'amphétamine et la buprénorphine (ou Subutex, médicament de substitution à l'héroïne). La palme de la plus forte teneur revient à la cocaïne, dont ils ont retrouvé des traces importantes. Les teneurs en cocaïne pure  dans ces eaux « varient entre 5 et 336 ng/l » (ng/l = nanogrammes par litre) et sa forme métabolisée par l’organisme - la benzoylecgonine ou cocaïne consommée - à des taux allant de 37 à 850 ng/l. La teneur en MDMA, la substance active de l’ecstasy, est bien moindre : de l’ordre de 28 ng/l.

Les différences de concentration de cocaïne et d’ecstasy s’expliquent d’abord par l’explosion de la consommation de cocaïne en France ces dernières années, alors que l’engouement pour l’ecstasy est moindre, même si elle revient à la mode chez les noctambules sous forme de cristaux (et non plus en comprimés) qu’on appelle plus logiquement MDMA ou MD. En outre, l’importante teneur en cocaïne dans les eaux usées s’explique par le mode d’administration de cette drogue. Lorsqu’un consommateur sniffe de la cocaïne, il s’en met sur les doigts. Quand il se lave les mains, crache ou jette un kleenex dans les WC, il libère de la cocaïne pure dans les égouts. Les teneurs en benzoylecgonine proviennent des urines des consommateurs.

En ce qui concerne les autres drogues comme l’héroïne, l’estimation de sa teneur dans les eaux usées ne serait pas pertinente, car il existe de nombreuses substances médicamenteuses qui contiennent des opioïdes et autres dérivés morphiniques. Cette statistique ne nous renseignerait donc pas  sur le nombre des personnes consommant de l’héroïne en France. C’est pourquoi, les scientifiques ont décidé d’analyser dans les eaux la teneur en buprénorphine (Subutex), que beaucoup d’héroïnomanes consomment lorsqu’ils ne peuvent pas se procurer de l’héroïne ou tentent d’entamer un sevrage.

Ces résultats ne permettent qu'une estimation globale du nombre de personnes qui se droguent et des quantités consommées, mais ils donnent deux types d'information intéressants: quelle est la tendance de la consommation et quelle zone géographique est concernée. « C'est un très bon outil de mesure », explique dans le Figaro Yves Levi, qui a piloté la recherche, car désormais « n'importe quelle commune peut suivre au rythme qu'elle souhaite la consommation de drogues sur son territoire et y répondre », ajoute-t-il.

Les prélèvements effectués en région parisienne sont riches d'enseignements. Ils soulignent notamment qu'il n'y a pas de différence de consommation entre communes riches et pauvres. En revanche, les consommateurs sont plus nombreux à Paris qu'en banlieue, et le week-end est pire que la semaine. « Le pic le plus élevé a été observé lors de la Fête de la musique », précise également Sara Karolak, maître de conférences à l'université. Cette dernière montre également que si la France se situe a peu près au même rang que la Belgique ou la Suisse, elle est loin derrière l'Espagne ou l'Italie qui, la première, a lancé des études à partir de 2005.

« Cette méthode doit permettre de compléter les autres indicateurs qui existent déjà », commente Étienne Apaire, le président de la Mildt (Mission interministérielle de la lutte contre la drogue et la toxicomanie). « Cette technique ne peut pas fonctionner pour toutes les drogues et notamment l'héroïne, qui contient des opiacés comme certains médicaments », rappelle Jean-Michel Costes, directeur de l'OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies), mais elle peut permettre un suivi et une spatialisation», confirme-t-il.