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Dans le sillage de la méphédrone, stimulant de synthèse de la famille des cathinones aux effets proches de ceux de l’ecstasy et des amphétamines, une nouvelle génération de drogues est maintenant disponible à la vente sur une multitude de sites Internet. « NRG-1 », « NRG-2 », « Buphédrone », « Diméthocaine », « MDAI », telles sont les appellations de ces nouvelles substances...
Il aura fallu attendre avril 2010, date de la classification de la méphédrone comme stupéfiant en Angleterre, pour que les médias français se fassent l’écho des ravages de cette drogue outre-Manche. Accessible facilement sur internet pour une quinzaine d’euros le gramme, la méphédrone (aussi appelée « meph », « Miaou Miaou » ou « M Cat ») a connu un succès fulgurant au Royaume-Uni depuis 2009. Suspectée d’avoir entraîné la mort de plusieurs personnes en pleine période de campagne électorale, la méphédrone s’est alors rapidement invitée au débat politique avec pour conséquence immédiate son classement comme stupéfiant. La France, soucieuse de ne pas connaître la même mésaventure, a aussitôt pris les devants en interdisant cette substance dès le 11 juin 2010, avant même que la méphédrone ne puisse conquérir une notoriété critique dans l’hexagone. Le monde de la psychiatrie et des additions s’est alors félicité à juste titre de cette « victoire de la vigilance », un principe de précaution repris par bon nombre de nos voisins européens.
Une victoire malheureusement de courte durée, car d’autres drogues de synthèse encore largement inconnues prennent déjà le relais. En effet, les chimistes qui fabriquent ces drogues (en Chine essentiellement) ne manquent pas d’idées pour créer de nouvelles molécules légèrement différentes, et de ce fait, à nouveau totalement légales. On en dénombre aujourd’hui des dizaines dont les plus connues sont la Diméthocaine, la Buphédrone, la MDAI et le NRG-1 / NRG-2. Les innombrables sites Internet, basés dans des pays de l’Union Européenne où ces substances ne font pas encore l’objet d’interdiction (en Espagne notamment), se sont rapidement relevés de l’interdiction de la méphédrone et proposent déjà ces nouveaux stimulants de synthèse. C’est la raison pour laquelle ces drogues et ces nouveaux « dealers légaux » ont jusqu’à présent toujours eu un train d’avance sur les autorités gouvernementales compétentes. Bien entendu, qui dit nouveauté dit manque d’information recensées quant à la toxicité de ces produits et de l’accoutumance qu’ils peuvent engendrer, si ce n’est que les « inventeurs » de ces nouvelles drogues tachent de les rendre toujours plus fortes et toujours plus addictives.
Il y a ainsi fort à parier que la question des « drogues légales » devienne l’un des enjeux majeurs de la lutte contre les stupéfiants et la toxicomanie dans les années à venir. Ces drogues bénéficient de l’effet déculpabilisant et rassurant – certes illusoire - de leur vente sur internet, de la carence en informations des acteurs de la prévention (médecins, associations d’aide aux consommateurs etc.), de leurs coûts défiant toute concurrence et des sobriquets au ludisme traître dont elles se voient affublées sur la toile. Partant de ce simple constat, comment sous-estimer le problème de ces « legal highs » ?
Selon la presse britannique, la dernière née de ces drogues fait littéralement pâlir d’effroi les spécialistes de la toxicologie. C’est la Naphyrone, alias le NRG (prononcer Energy), dont il existe déjà deux variantes (le NRG-1 et le NRG-2). Cette drogue est accessible sur internet, vendue par les mêmes sites qui proposaient jadis la méphédrone, pour la somme dramatiquement dérisoire de 20 euros, soit le tiers du prix du gramme de cocaïne. Le NRG serait selon les premiers rapports la drogue la plus puissante sur le marché actuellement. Plus forte que la méthamphétamine et plus addictive que l’héroïne, les effets secondaires de cette drogue, que les jeunes peuvent se procurer en quelques clics et se faire livrer par la poste, s’avèrent absolument terribles : impossibilité de dormir pendant plusieurs jours, phases dépressives aigües, palpitations, spasmes et « brainzaps » (sensation de décharge électrique dans le cerveau). Le NRG a été surnommé « the devil’s powder » (la poudre du diable) par le tabloïd anglais The Sun (voir cet article).
Pour l’heure, cette drogue est encore légale en France et sa disponibilité laisse pantois, tout autant que l’hypocrisie des sites qui la commercialisent. Beaucoup d’entre eux affirment en effet vendre des « plant foods », c'est-à-dire des engrais pour les plantes à usage agricole uniquement. Plusieurs sites remplacent d’ailleurs le mot « consommateurs » par celui de « plantes » ou de « jardin qui a besoin d’être arrosé » dans les fiches descriptives de leurs produits. Dans la lignée du NRG, la DMC (la diméthocaine) est également disponible sur ces sites, qui la surnomment la «cocaïne légale ». Il existe en outre une diversité pléthorique de nouveaux stimulants: Ivory Wave, Benzofury , Synthacaine, MDAI, Méthédrone, Méthylone, Bromo-Dragonfly… Le plus préoccupant, c’est qu’une fois que ces substances seront à leur tour classées comme stupéfiants, d’autres prendront immédiatement leurs places, et leurs vendeurs – que l’on peut qualifier de dealers- auront alors quelques mois de tranquillité devant eux pour vendre ces nouvelles drogues à la dangerosité très souvent sous-estimée. L’OFDT, Observatoire Français des drogues et toxicomanies, a déjà publié une note sur la Méphédrone (voir ici), soulignant les effets néfastes de cette drogue et de ses cousines alors connues. En attendant, il faut espérer que les jeunes européens n’accorderons pas confiance à ces nouvelles substances, qui sous couvert de leur non-illégalité temporaire, tentent de masquer leur toxicité.
Face à un tel constat, NarcoCheck appelle tous les acteurs de la prévention (parents, médecins, associations, collèges/lycées, forces de l'ordre etc.) à la plus extrême vigilance, afin de faire efficacement barrage à ces nouveaux poisons et prévenir leur consommation.